Enjeux éthiques et médicoéconomiques introduits par l’arrivée du séquençage haut-débit pangénomique dans le soin

Au-delà de l’identification des variations pathogènes pour le diagnostic des maladies rares, le séquençage des génomes individuels permet de détecter de nombreuses autres variations génétiques, qu’elles soient incidentes ou secondaires. Certaines de ces variations s’avèrent pertinentes pour les soins cliniques car elles peuvent prédire des maladies génétiques à révélation tardive ou des réponses et toxicités différentes aux médicaments.

Ainsi, de nombreuses questions sociétales liées au déploiement de la médecine génomique dans le soin sont apparues, et en particulier les suivantes : Quelles sont les informations que les patients doivent et veulent connaître ? Qui doit décider pour les données de significations inconnues ou incidentes, qui illustrent bien les enjeux de la médecine personnalisée liée au séquençage haut débit, mais pour lesquels les politiques américaines ne peuvent être directement transposées en Europe ?

Depuis plusieurs années, notre équipe s’efforce de participer à ces réflexions éthiques et sociétales nationales, notamment à travers les études SEQUAPRE et FIND, afin d’élaborer des recommandations françaises:

SEQUAPRE: à partir de la méthode des choix discrets a montré que trois caractéristiques influencent fortement la probabilité que les répondants choisissent un test de séquençage haut débit : le rendu de résultats incertains, le rendu de données secondaires et la possibilité de ré-analyse des données.

PREPS FIND: étude des résultats secondaires qui a pour objectif d’évaluer 1) la perception initiale par les patients/parents avant le séquençage de l’exome des 3 catégories de résultats secondaires que l’exome peut connaître sur les termes de l’attente et de la décision, 2) l’expérience de la communication des résultats des résultats secondaires et le processus d’appropriation de ces résultats sur un an, selon la catégorie de résultats secondaires, pour les patients/parents qui souhaitent connaître ces résultats, et pour lesquels le résultat est positif, et 3) les impacts sur les laboratoires de génomique et les conséquences médico-économiques sur les organismes de soins de santé.

DEFIDIAG-DS: étude ancillaire du projet pilote du Plan France Médecine Génomique DEFIDIAG, visant à étudier les attentes et représentations vis-à-vis de la recherche et du rendu des résultats de données secondaires issus de l’analyse de génome chez des parents d’enfants atteints de déficience intellectuelle

La question de l’efficacité de la médecine génomique dans le domaine de la santé est également majeure. Nous menons ainsi la première étude nationale de coût-efficacité dédiée aux séquençage haut débit dans le diagnostic de la déficience intellectuelle (PRME DISSEQ) en comparant chez 330 patients le rapport coût-efficacité de la stratégie standard versus le séquençage d’un large panel de gènes ciblés et de l’exome.

 

Par ailleurs, la génétique doit faire face à des situations individuelles et complexes, qui ne peuvent être traitées que par des approches de recherche quantitative. Pour mieux comprendre l’impact des innovations sur la population, il est essentiel de développer des projets basés sur des approches qualitatives ou mixtes. Pour cela, il est important de prendre en compte le processus de décision du projet et la manière dont les cliniciens, les soignants et les patients interagissent pour prendre des décisions médicales, ainsi que leurs sentiments et leurs attentes. C’est pourquoi des études visant à développer les connaissances sur les aspects économiques, sociologiques et psychologiques de la médecine génomique seront menées sur les questions suivantes :

  • Identification des critères qui guident les patients, les soignants et les cliniciens dans le choix des soins et du suivi
  • Gestion par les cliniciens de l’incertitude associée aux tests de diagnostic génétique
  • Impact de la médecine génomique et de la décision médicale qui en découle sur la qualité de vie et l’utilité des patients.